mardi 2 décembre 2008

Du narcissisme du footballeur.

Aujourd’hui je choisis un sujet facile : le footballeur écrivain – les plus talentueux d’entre vous diront que c’est antinomique -. En tout cas, c’est facile car peu d’entre eux – et c’est pas faute de regarder les émissions traitant du foot – savent aligner une phrase sans que celle-ci ne soit bourrée de fautes syntaxiques ou de problème de vocabulaire - le vocabulaire moyen d’un footeux se limitant à environ 200 mots, Cf William Gallas dans le Grand Journal la semaine dernière -.
Pour en revenir au sujet du jour, vous aurez constaté la « jeune » frénésie littéraire qui s’est emparée des footeux pour écrire et décrire leurs vies de « misère » – les exemples les plus récents étant J. Rothen et W. Gallas -. C’est vrai que les footeux, ils en ont des choses à dire… Vous aurez j’imagine pris note de la pointe d’aigreur dans mon analyse.
Je lisais l’édito du rédac chef de « l’équipe mag » et j’étais déçu de voir que celui-ci ne pointait pas a mon sens le vrai problème. Certes, il soulignait a juste titre que Gallas aurait été bien inspiré de fermer son « claque-merde » mais il oubliait fort injustement de mentionner cette manie qu’on les plus ignorants du monde du football de vouloir écrire des bouquins pour coucher leur états d’âmes et croire que les 30 premières années de vie – dans des hôtels de luxe entourés de petites pépés- vont passionner le peuple et particulièrement le supporter de foot. J’ai l’inconscience de croire, voire la naïveté que la race humaine n’est pas descendue aussi bas – quoique en regardant TF1 parfois je me pose légitimement la question- et que le Français moyen se tape de la vie perso du footballeur comme de sa première communion – cette dernière remarque n’est pas très judéo chrétienne dans le forme, ni dans l’esprit d’ailleurs -.

Premier point. Ces bouquins sont proprement illisibles – encore que les nègres qui les accompagnent s’évertuent à donner une fluidité de lecture à leurs péripéties – car vide de tout contenu. C’est l’apologie de l’ignorance, ignorance qui se paie la tranche horaire la plus rentable à la télévision. C’est un peu la téléréalité du footballeur. Soyons réalistes, ils n’ont rien à dire de vraiment pertinent, ne font pas avancer le débat de fond sur la mutation du sport en général et du football en particulier – pléthores d’exemples : le statut de la profession, le comportement des joueurs sur et en dehors du terrain, le foot business – alors qu’ils sont les acteurs même de ce milieu. Pour disserter sur les frasques des uns et des autres, bizarrement tout le monde a quelque chose à dire mais pour aller plus loin sur une notion intellectuel de ce sport, personne ne souhaite se mouiller. Tout le monde se fout des secrets du vestiaire, tout le monde se fout de savoir que Gallas était une chèvre au collège. De fait, on a souvent le sentiment de regarder un épisode de « Plus belle la vie » avec ses faux décors de Marseille, avec son ciel bleu permanent et sa réalité bien cachée.

Ne serait-il pas pertinent de s’interroger sur l’impact de leurs comportements sur les enfants, de saluer les initiatives de certains joueurs en faveur des quartiers défavorises, d’aborder la question de la rémunération des joueurs, de leur implication dans la vie de la cité, le thème du dopage, ou bien encore le lien entre les supporters et les clubs, le racisme. Les sujets sont nombreux et si certains osaient les aborder, sans aucun doute le football et le sport y gagneraient.

Le problème que j’aborde dans le football, trouve également sa place sur un terrain plus général. Celle de la prise de parole de sportifs – pas toujours bien inspirés intellectuellement – ou de pseudo star de téléréalité – qui s’offre une sorte de pseudo légitimité de parole sous prétexte qu’ils ont acquis une notoriété médiatique - qui n’ont souvent pas grand-chose à dire mais qui souhaite coute que coute faire passer un message dont la pertinence pour la plupart reste largement à démontrer. Je dis oui aux sportifs mais je dis oui à ceux qui alignent des idées claires, des phrases sans fautes syntaxiques et qui ont une contribution réelle au débat d’idée. Vous allez me trouver cruel, mais un Gallas, un Rothen n’apportent rien de bon et ne l’ouvrent que pour la promotion de leur livre – si le terme « livre » correspond à ce type de torchon-. De fait, je salue l’initiative de Pauleta dont les qualités morales sont indéniables et qui en rapport avec sa capacité à être pertinent sur des sujets de fond, ne s’aventure que dans ce qu’il connait. Son intervention sur le plateau de Ruquier s’en est tenu au déroulement de sa carrière, a son livre d’image et au reversement des recettes à des enfants défavorisés. Voila aussi un facette du travail d’un footballeur, celui d’une personne au service des plus faibles, une notoriété pour parler et pour aider les autres, une tribune pour ceux qui ne gagnent pas 100.000 euros par mois.

Ce travail, Zinédine Zidane – sans doute l’exemple le plus connu - l’a compris et consacre son temps et son argent à parler de ce qu’il connait. Rai, ex joueur du PSG fait de même au Brésil dans les favelas. Ces anciens joueurs ne s’affichent pas dans les soirées, ne vomissent pas le fric comme peut le faire Cristiano Ronaldo ou Gutti. Le « ballon d’or » doit à mon sens saluer les qualités de joueur mais aussi les qualités d’homme. Ces hommes doivent être des exemples pour les gosses. Ils doivent ainsi être irréprochable sur et en dehors du terrain car l’un ne va pas sans l’autre.

1 commentaire:

Flower a dit…

Ouaip
Je te trouve un peu dur avec les footballeurs.. Après tout s'ils veulent s'acheter une caution intellectuelle en payant une personne qui détaillera les anecdotes bling blling, les trahisons et les problèmes secrets de chaussettes de deux couleurs différentes "à la Punky Brewster", moi je dis: c'est LEUR DROIT LE PLUS ABSOLU! Après tout, ça leur permettra peut-être de pouvoir raconter à leurs enfants une parte de leur jeunesse, sans avoir à s'en souvenir. Pratique. Et si jamais ça marche bien, ils pourront toujours se payer une deuxième piscine, ou la réparation de la toiture du garage.. ben ouais m'sieur, c'est pas de tout repos d'être proprio.
Enfin bon, il ne faut pas leur jeter la pierre, Pierre, d'autant que ce ne sont pas les premiers et isl ne serotn pas les derniers... "Candel, rebelle et fidèle".. franchement.. Ca aussi c'était du lourd!(écrit par P.Candelero en 2005). Enfin voilà. Moi de toutes façons, je n'attends qu'une chose, la vraie autobiographie de la vraie vie de Surya Bonali.
A bon entendeur..
XoXo